
#Empowerment : chantier en progrès

Le mouvement de contestation contre la loi El Khomri sur la réforme du code du travail qui a mobilisé quelques 3000 personnes sur la place de la République à Paris le 31 mars au soir ne cesse de prendre de l’ampleur. Et c’est principalement par le biais des réseaux sociaux que cela se joue . Décidés à ne pas rentrer chez eux, les manifestants réinventent le calendrier et poursuivent le mouvement sur twitter avec le hashtag #32mars et #NuitDebout : de 10.000 personnes inscrites à l’événement sur facebook, on passe ensuite à 80.000 visionnages du Periscope de Remy Buisine, jeune community manager, qui voulait simplement “rendre compte de ce qu’il se passait.” Et les points de ralliement se multiplient, faisant passer les militants “du clavier au pavé ” !
Un particulier réunit 80 000 p. sur son live #Periscope de la #NuitDebout @numerama https://t.co/FetHOL4pUa #empowerment
— DigitalSocietyForum (@ODSForum) 4 avril 2016
Pour Stéphane Sirot , historien et sociologue du syndicalisme à l’université de Cergy-Pontoise, ce qui est intéressant dans ce mouvement c’est que “les réseaux sociaux supplantent les organisations structurées (...) Ces pratiques nouvelles ont un impact majeur sur les syndicats traditionnels de travailleurs, peu connectés. Ceux-ci vont devoir modifier leurs pratiques. Ils vont tenir compte de ce qu'expriment ces réseaux, de la manière dont les gens veulent être associés à la construction de ces mouvements de contestation.”
Entre les jeunes qui zappent d’une cause à l’autre et les travailleurs indépendants au statut individualisé, les défis sont de taille pour les syndicats qui se veulent rassembleurs du monde des travailleurs.
#podcast #StéphaneSirot historien enseignant @UniversiteCergy https://t.co/huwhcMnTQj https://t.co/IYkp5333k0 pic.twitter.com/YJ8cMmRltG
— Radio AlterNantes FM (@AlterNantesFM) 23 décembre 2015
Loin d’être désintéressés de la politique, d’après un sondage de l’institut IPSOS-Sopra Steria , les français expriment plutôt un mécontentement envers ceux qui la font.
Des organisations alternatives, se créent. La verticalité des institutions en place est rejetée pour des relations plus horizontales. Et grâce aux outils numériques, elles prennent une ampleur qui permettent d’asseoir un véritable pouvoir. On parle alors “d’empowerment”, en anglais ou “d’empouvoirement”, comme le propose Benoît Thieulin, pour insister non seulement sur la “capacitation” mais aussi sur la dynamique du mouvement collectif.
Empowerment : TALK de Benoît Thieulin par economie-et-finances
Comme le rappelle Valérie Peugeot dans sa brève histoire de l’empowerment , le terme d’abord employé dans les milieux féministes, antiracistes et homosexuels américains dans les années 60 prend une dimension politique et sociale lors des contestations contre le programme “great society” du président Johnson où “des travailleurs sociaux qui exercent dans les communautés afro-américaines, tout comme les mouvements communautaires eux-mêmes aux côtés desquels ils agissent, vont associer à l’empowerment la capacité de ces derniers à construire par eux-mêmes les réponses aux questions sociales auxquelles ils sont confrontés.”
Aujourd’hui, la mobilisation collective passe par la maîtrise des technologies numériques. Encore faut-il que les citoyens soient en mesure de saisir cette opportunité de porter leurs convictions politiques et sociales, mais aussi d’être capables de trouver des informations pertinentes, d’identifier les acteurs majeurs autour d’une thématique ou encore de bénéficier des services en ligne susceptibles de les intéresser.
Dans cette optique, la FING a constitué le projet Capacity qui questionne le potentiel de la société numérique à distribuer plus égalitairement les capacités d’agir - ou “empowerment”. A mi-parcours, Jacques-François Marchandise, coordinateur des recherches témoigne : “on constate une vraie différenciation entre les gens qui utilisent les ressources numériques en self-service et qui savent s’en emparer et ceux qui se retrouvent désemparés face à la surabondance de ressources. Le numérique a installé beaucoup de désordre et de liberté.”
«Est-ce qu’il existe un ascenseur social numérique?» entretien avec JF Marchandise co-fondateur @la_fing https://t.co/UdXpwULB7p #capacity
— Stalder Angèle (@staldera) 25 mars 2016
> A noter également, le thème du prochain Forum Changer d’Ere qui aura lieu le 2 juin 2016 à la Cité des Sciences et de l’Industrie : “Empowerment : Partager le pouvoir à l’ère des réseaux sociaux” au cours duquel vous pourrez participer à un atelier du DSF sur le thème : “Se changer soi-même pour changer le monde à l’heure du numérique ?”. A suivre !
Et aussi cette semaine :
Retour sur la journée Femmes Numériques dans le cadre de la Semaine Digitale à Bordeaux
Les défis de la transdisciplinarité avec Joël de Rosnay et François Taddei, en marge du Forum Changer d’Ere
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